LA CIVILISATION MONDIALE
EN DANGER
PAR Manuel de DIEGUEZ
PARTIE I
Introduction
Une panne de mon ordinateur a empêché la mise en ligne et la diffusion du texte que j'avais annoncé pour le 19 janvier, ce qui n'a rien changé à son contenu, mais m'a permis de le compléter de quelques enseignements de nature à approfondir la compréhension des ressorts simianthropologiques de la planète.
En 1989, j'avais tenté de démontrer que la chute du mur de Berlin inaugurait la longue agonie du nouvel empire romain ; mais il avait fallu attendre dix ans pour que l'Europe tétanisée se dotât d'une monnaie unique dont
M. Giscard d'Estaing et M. Helmut Schmidt avaient lancé le projet en 1978.
En 2001, la vassalisation du Vieux Continent s'est poursuivie, puisqu'il s'est rué sur l'Afghanistan en violation du droit international.
En 2003 huit Etats d'une Europe soi-disant en voie de résurrection politique se sont précipités en Irak pour y servir sous le drapeau de Washington.
En 2009, l'attente internationale d'un Messie de la démocratie du XXIème siècle qui a marqué l'avènement de M. Barack Obama semble avoir mis un terme définitif à ma carrière de prophéticule.
Mais on ne réfute pas la logique interne de la politique:
depuis les origines du temps mémorisé, cette discipline donne un encéphale prévoyant à l'histoire du monde.
A partir de 1989, la Russie s'est modernisée, la Chine a poursuivi sa puissante trajectoire, le monde arabe a commencé de se forger une identité politique, l'Amérique du Sud s'est réveillée et même l'Afrique sort de sa torpeur pour se tourner vers la Chine.
Certes, l'Europe endormie se trouve plus résolument cadenassée que jamais dans la cage d'un Otan au seul service des intérêts stratégiques et de la volonté d'expansion territoriale et diplomatique d'un César de la Liberté.
Mais la question n'est déjà plus seulement celle de prévoir le déclin politique inévitable de l'Amérique:
La raison euclidienne suffit à démontrer qu'un empire privé de sa fonction protectrice a nécessairement perdu son sceptre.
En revanche, qu'en est-il du déclin volontaire de l'Europe dans un monde en ascension effervescente autour d'elle?
Quels sont les secrets anthropologiques de la cécité des civilisations?
Comment se fait-il qu'une Ségolène Royal ait encore la planète de son adolescence dans la tête et qu'elle se précipite à Washington pour le couronnement de l'empereur?
Pour le comprendre, il faut apprendre à radiographier le massacre de Gaza.
Pourquoi l'Europe des Etats, soutient-elle que le Hamas aurait "rompu la trêve", alors que c'est Israël qui l'a rompue le 4 novembre 2008 en allant assassiner huit Palestiniens à Gaza et en refusant de lever le blocus de ce territoire?
Du reste, l'Etat hébreu préparait son offensive depuis six mois.
Pour comprendre les secrets de l'âme humaine qui font de la vassalisation des esprits et des cœurs les vrais ressorts des décadences, observons la révolution morale amorcée par la fureur de l'opinion publique sur les cinq continents.
Prendra-t-elle la relève de l'éthique des Etats européens, qui refusent maintenant de participer financièrement à la reconstruction de Gaza sous le prétexte que le mouvement de la résistance nationale - un Hamas démocratiquement élu par le peuple palestinien - serait un mouvement "terroriste"?
Dans ce cas, l'histoire de l'Europe se trouverait remise en mouvement par la voix des peuples.
Cette hypothèse mérite d'être examinée à la lumière de l'anthropologie critique.
Car au lendemain de l'entrée en fonctions du nouveau Président des Etats-Unis, Israël se trouve d'ores et déjà mis discrètement en quarantaine.
Cet immense événement n'a encore été enregistré que par quelques esprits rompus à la réflexion solitaire et accoutumés à un isolement apparent - mais, non seulement toutes les chancelleries ont compris cette évidence, mais, elles savent que cette alerte est confusément perçue par une opinion publique internationale menacée par une gigantesque mutation de ses repères.
Quelle est la spécificité d'un "malaise dans la civilisation" auprès duquel celui qu'évoquait Freud fait pâle figure ?
Peut-être la gêne provient-elle de ce que le danger semble d'autant plus grand qu'il s'est embusqué en tous lieux et qu'il va bondir d'un instant à l'autre dans l'arène de l'Histoire.
C'est dire que cet instinct à la fois secret et sur le point de trouver un puissant écho sur l'agora du monde trouve son origine dans le réflexe de légitime défense d'une Europe angoissée et dont l'identité psychique la plus fondatrice se trouve mise en grand péril, alors que le sauvetage de l'âme du Vieux Monde conditionne non seulement son destin politique, mais l'avenir de l'éthique universelle des nations civilisées.
L'ostracisme qui frappera Israël ira-t-il jusqu'à frapper cet Etat d'une mise au ban de la civilisation mondiale sur le long terme et, dans la négative, comment se réconcilier avec un Etat dont la diplomatie ne viendra jamais à Canossa mais qui continuera, bien au contraire, de se présenter en victime innocente des arcs et des flèches meurtriers des Indiens?
Tels sont les auspices sous lesquels il faut placer l'entrée en fonction de M. Barack Obama.
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