.... à notre usage le concept assez incertain de développement durable. Un concept censé indiquer des recommandations en suivant notamment les pensées philosophiques d’un Hans Jonas avec son principe de responsabilité.
Ces docteurs avaient comme souci la préservation de la planète pour les générations à venir.
Ceux qui ont cru en ces bonnes paroles se sont fait arnaquer alors que d’autres s’en sont mis plein les poches en pratiquant le business vert.
J’ai comme l’impression que ces savants écolos ne se souciaient peu de nos existences, du vivre ensemble, de l’économie, des productions de biens, d’accès à la culture, de bien-être, etc.
Juste un galimatias conceptuel fait de concepts pour bobos des champs, écolos des villes, ex gauchisants devenus notables, avec du compostage, du recyclage, de la voiture électrique qui en fait n’a rien d’écolo, bref, le développement durable, c’est du concept en matière plastique recyclable.
Et nul n’imaginait, il y a 20 ou même 10 ans, que le concept adhérant à la réalité sociale serait celui de sous-développement durable.
L’été 1997, en écoutant OK computer de Radiohead, je n’imaginais pas que cette musique neurasthénique annoncerait les jours moroses et sans éclaircie des années 2010.
En fait, le sous-développement n’est pas pour tous.
Crise signifie selon l’idéogramme chinois opportunité et danger.
Traduction en termes socio-économiques, affaires pour les uns et appauvrissement pour les autres.
Du concret.
La résidence HLM où j’habite vient d’adresser une belle addition de régularisation de charges.
Bon, il paraît que l’ancien gestionnaire avait mal calculé les avances à payer figurant sur les quittances.
Tout semble redevenu normal.
En janvier 2012, mon loyer avec charge avait augmenté de
40 euros mais ce mois d’août, ce sera encore du 40 euros.
Les locataires de la résidence sont remontés contre le gestionnaire.
Ils ont même écrit au préfet.
De toute façon, nous n’avons pas le choix. C’est rester et payer ou partir.
Et j’avoue que je ne suis même pas en colère, étant satisfait d’habiter dans un logement qui reste à un prix abordable.
Et ce serait indécent de se plaindre compte tenu de ce qui se passe dans le monde.
Ces gosses massacrés en Syrie.
Et en France, des tas de vies gâchées par les trains de licenciement, la plupart n’étant pas médiatisés.
Je vais faire un petit calcul. Prenons un type avec un salaire presque médian, disons 1400 nets. Il est locataire. Il utilise sa voiture pour aller travailler.
Ses taxes locales augmentent, comme le prix de l’essence et le chauffage.
Et sans doute l’électricité et l’assurance.
Bref, je chiffre ces augmentations à quelques 40 euros par mois.
Une évaluation qui pourrait varier sur le long terme.
En supposant qu’il reste à ce type 500 euros par mois pour ses dépenses, une fois tous les frais incompressibles payés, on s’aperçoit qu’une amputation de 40 euros se traduit en fait par une baisse de pouvoir d’achat de 8%.
Bien évidemment, c’est un calcul effectué en prenant en compte la vie réelle.
Pas comme le font les statisticiens de l’Insee.
La réalité, c’est que des millions de citoyens, pas seulement en Espagne ou en Grèce, voient leur pouvoir d’achat diminuer et ce, d’année en année.
Ces diminutions sont transparentes pour les statistiques.
Tout dépend de chaque situation. Logement en location ou pas, chauffage collectif ou non, déplacement pour travailler, taxes locales.
Bref, même pour des travailleurs en CDI, le pouvoir d’achat réel est amené à baisser. Après, tout dépend des situations individuelles.
Les augmentations et autres promotions, dans le privé ou le public, peuvent améliorer des situations mais globalement, on assiste à un sous-développement durable de la population.
D’un autre côté, ceux qui bénéficient d’emplois bien rémunérés, protégés, avec des revenus locatifs ou autres, voient leur niveau matériel augmenter substantiellement.
C’est pourquoi vous croisez de plus en plus de gens circulant dans de belles berlines, plutôt de marque allemande.--ajout perso : d'où les purges de salariés chez Peugeot--
Et que les hôtels trois et quatre étoiles ne connaissent pas la crise et que la fréquentation des boutiques LVHM augmente.
Rien de bien neuf.
Le sous-développement durable n’intéresse pas trop les sociologues, ni les politiques, ni les médias.
C’est un peu comme de la poussière qu’on balance sous le tapis pour la faire disparaître.
Quelques rares intellectuels assumant l’héritage de la culture communiste de l’après-guerre ont pointé la désaffection des médias et de la culture contemporaine vis-à-vis des travailleurs.
La gent médiatique nous sert des gloses sur les minorités qu’il faut rendre visible alors qu’une majorité est devenue invisible, celle de la classe des travailleurs et autres employés se comptant en millions.
Le principe du sous-développement durable, c’est de faire en sorte qu’il soit rendu transparent, opaque, ce qui avec l’habitude le rend acceptable auprès des populations.
Le modèle de société est exactement l’inverse du modèle fordiste en vigueur, jusque dans les années 1980, en Europe et au Japon, notamment.Aux States, le rêve fordiste s’est achevé un peu plus tôt.
Adaptation et résilience sont les deux mamelles de la France en voie de sous-développement durable.
J’ai commencé ma stratégie adaptative. J’ai conservé tous mes vêtements en état d’être portés et je n’achète plus rien, sauf un jean en solde à 7.50 euros, des sous-vêtements et récemment, une superbe veste massacrée à 30 euros lors d’une liquidation.
Les CD, ça ne s’use pas et ça ne finira jamais.
J’ai de quoi renouveler mes ambiances musicales et n’en ai plus acheté depuis 10 mois.
Les livres, j’en ai beaucoup et comme ce sont des textes savants, je prends plaisir à les relire pour découvrir des significations qui m’avaient échappé.
Le dernier que j’ai acheté et c’est exceptionnel est un ouvrage de Strauss sur le rationalisme politique.
C’est surtout sur la bouffe qu’il est possible de faire des économies.
Quelques légumes et fruits achetés le dimanche au marché, à des prix très concurrentiel. J’ai trouvé des melons vendus par trois deux euros, soit 60 centimes le kilo, moins cher que de la pastèque.
Finies les viandes. On peut se régaler avec des pâtes agrémentées de sauces toutes prêtes, basquaise, aigre-douce, au curry, poivrons aubergine… un euro le pot de 400 grammes.
Pour les apports en protéines, des œufs, et des poissons en boîte, maquereau, thon, sardine.
On en trouve pour pas cher, il suffit de prendre une marque repère dans une grande surface. C’est chacun qui voit.
Je pense pouvoir réduire mes dépenses de quelques 40 euros par mois, ou peut-être plus et je ne me sens pas spécialement malheureux.
Il me reste de quoi mettre de l’essence dans la caisse pour aller voir le bassin d’Arcachon en été ou l’océan en hiver, quand la plage est désertée par la foule bronzante et que le ciel gris donne à la mer une teinte baroque.
J’observe les mouettes et le soir, le drôle d’oiseau que je suis saura trouver le placard pour y dénicher des filets de sardines marinés dans du citron et du basilic.
Excellent, pas d’huile ajoutée, des oméga3 pour la mémoire.
Elle est pas belle, la vie, à l’époque du sous-développement durable !
Je ne vais pas au ciné, pas intéressé.
Les concerts ? Rien de bien fascinant.
Autant aller squatter les scène d’été où des artistes locaux se produisent et puis il y a le festival de prog à Saint-Palais.
Quant au théâtre, j’y vais deux fois par semaine, ça ne me coûte rien et même que j’y participe comme acteur avec chaque fois une pièce qui s’improvise.
Faut quand même que je vous explique. Ce petit théâtre, c’est le café philo que nous animons deux fois par semaine avec mon confrère Jean-Charles. Juste un café à payer.
Ce sous-développement durable, ça fait bien deux décennies qu’il est immiscé dans les sociétés occidentale et ce concept a toute sa validité, s’appliquant notamment au Japon qui a de l’expérience en la matière puisque depuis la crevaison de la bulle, en 1990, il est entré dans une nouvelle phase.
Ce qui ne l’a pas empêché de continuer à développer sa recherche et innover.
C’est au niveau de la société que se fait sentir le sous-développement.
N’oubliez pas cependant que les pâtes les meilleures sont faites de semoule de blé dur.
Plus longues à cuire mais pas forcément plus chères si on sait fouiner dans les rayons.
Ce qui est dommageable dans ce sous-développement, c’est le risque que le culturel s’étiole.
A moins que les classes aisées ne continuent à soutenir les différents secteurs de la culture et notamment le livre.
Une société qui délaisse la culture tourne le dos à la civilisation. Qui a subir les effets de ce sous-développement ?
Les éleveurs de bovins ou les libraires ?
Mon intuition me dit que le marché de la sardine en boite devrait se bien porter.
Je crains une chose, c’est que la sardine devienne un produit plus cher, un peu comme la morue, qu’on sert cuisinée lors d’une fête qui lui est dédiée à Bègles moyennant 15 euros la part.
Il y a un siècle, la morue était un poisson consommé par les ouvriers.
A l’époque du protocole de Lisbonne qui ne fonctionne pas, les gens aisés consomment la morue à la portugaise.
Et si la sardine devient chère, alors en Russie on dira que les nouveaux tzars dînent à l’huile.
Désolé, je sors !
Source Agoravox