LA RELATION INTER-HUMAINE
GERARD DONNADIEU
Ancien professeur à l'Université Paris 1 -Panthéon-Sorbonne-
Pour pouvoir présenter les fondements et les concepts de la théorie systémique de la communication, il n'est pas inutile de rappeler d'abord qu'elle s'inscrit dans un double héritage :
celui de l'anthropologie, avec les observations faites par les ethnologues -représentés ici par Gregory Bateson et Margaret Mead -au sujet de ce qu'ils appellent l'échange symbolique,
celui de la théorie de l'information, conçue par des physiciens dans les années 1940, et dont les membres du groupe de Palo Alto n'eurent cesse de vouloir dépasser le discours par trop positiviste et réducteur.
Nos sociétés modernes ont tendance à concevoir les relations d'échange entre les hommes sur le mode marchand du donnant/donnant.
Un acheteur et un vendeur se rencontrent sur un marché que l'on souhaite le plus étendu, le plus anonyme et le plus transparent possible. Pour payer le bien au vendeur, l'acheteur utilise un moyen monétaire.
L'échange s'établit sur la base d'une parfaite réciprocité dans l'égalité des partenaires -échange symétrique- ; il est instantané, c'est à dire se termine aussitôt que le bien a été livré et payé.
"Ce sont nos sociétés d'Occident qui ont fait de l'homme un animal économique.
"Refuser de donner équivaut à déclarer la guerre, c'est refuser l'alliance et la communion".
Et tout don reçu oblige ! Le donataire devra ultérieurement - mais sans précision de date-
Fait social total, débordant largement le champ économique, l'échange symbolique met beaucoup plus l'accent sur la relation instaurée entre donateur et donataire que sur le contenu du don.
A la différence de l'échange marchand, cette relation est dissymétrique ; elle est à la fois réciproque -car le donataire répond toujours par un contre-don- et complémentaire - le don excède généralement le contre-don, le donataire reconnaissant ainsi son statut d'obligé ou position basse par rapport au donateur qui occupe la position haute-...."
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